La commune de Singles est située au sud-ouest du département du Puy-de-Dôme à la frontière avec la Corrèze.
Bordée à l’ouest par la Dordogne et au sud par son affluent la Burande, Singles fait partie de la communauté de commune Dômes Sancy Artense.
Elle compte environ 160 Singlois et Singloises.
Histoire :
Avant d’adopter son orthographe actuel, Singles s’écrivait et se prononcé différemment. En effet, les mentions successives du nom de cette commune sont Cengles (1075-1095), Cingulis (1096) puis Cingles (1789), selon la page Wikipédia qui lui est réservée. En occitan, « cengle » signifie le plateau, la corniche.
Le plus ancien des seigneurs de Singles appartient à la famille des La Tour d’Auvergne. Vers 1075, Gérauld II, seigneur de La Tour, donne au monastère de Sauxillanges les droits qu’il a sur l’église de Singles, un domaine sis au bourg et d’autres biens, sous réserve d’être admis comme moine dans l’ordre de Cluny, selon le livres « Tauves, son canton, ses confins, son histoire« .
Au XIVème siècle, Guyot de Dohet (de Douhet), seigneur de Singles et d’Estaux (La Tour), est fait prisonnier à la bataille de Poitiers (1356) et emmené en Angleterre avec le roi Jean.
Communauté avant 1787, puis commune, Singles voit en 1914-1918, soixante de ses citoyens tomber au champ d’honneur, selon le livre « Singles et les paroisses avoisinante » de Dom Bernard-Jacques Thiel (bénédictin luxembourgeois, réfugié ayant échappé de peu à la Gestapo en 1941, nommé, en 1943, curé de Singles, dont il fera le sujet de cet ouvrage).
Le 13 octobre 1943, la commune de Singles était le théâtre d’une opération de police dirigée par le SD de Vichy visant à neutraliser les maquis implantés dans la région (ainsi que dans les camps du groupement 22 des chantiers de jeunesse implantés à Messeix et à Savennes).
Cette opération, menée sur dénonciation, conduisait à l’exécution d’Ernest Guillaume à Perret ainsi qu’à l’arrestation de Jean Ranvier à Serre et du maire de Singles, Léger Fouris à la Guinguette.
L’église Saint-Nazaire :
L’église Saint-Nazaire a été bâtie au XIIème ou XIIIème siècle.
L’église de Singles est une des plus belles des environs : ses murs datent du XIème siècle et la voûte romano-gothique est de la fin du XIIème siècle ou du commencement du XIIIème siècle.
Le portail gothique date du XIVème siècle. La petite porte au midi, dite aussi porte des Morts, par laquelle on avait autrefois accès au cimetière, entourant alors l’église, remonte au début de la Renaissance (XVIème siècle).
Quant au clocher, il ne fut construit que vers 1900.
Quelques photos de l’intérieur de l’église.
Les Mines de Singles :
Singles, comme le bourg voisin de Messeix, fut longtemps un pays minier. On y exploitait les couches de charbon du sillon houiller, ce grand fossé qui, à l’ère primaire, prenait en écharpe l’ouest du Massif Central (de Decize (Nièvre) à Decazeville (Aveyron) en passant par Saint-Eloy, Puy-Saint-Gulmier, Champagnac), et au fond duquel des débris forestiers accumulés se sont lentement transformés en charbon.
Localement, le plomb argentifère a aussi été exploité, comme ce fut le cas près de Joursac, dans le ravin de la Mortagne. En plusieurs points du territoire communal, des déblais, ainsi que les vestiges d’anciennes galeries, témoignent encore de ces activités minières.
La Mine de Joursac :
Cette concession appelée « Argentifère de Joursac » (mine de plomb) résulte d’une ordonnance royale du 22 novembre 1826. Son étendue de 116 hectares est délimité comme suit selon un article de l’ancien journal « Le Moniteur d’Issoire » issue du site Geoforum.fr :
- au nord, par une ligne droite menée du bâtiment sud de Mouilloux par une ligne droite partant de ce dernier point et arrivant au bâtiment nord du village de Joursac
- au sud-est, par une ligne droite partant de ce dernier point au bâtiment ouest du village de Plagne au nord et par une ligne droite partant de ce dernier point au bâtiment sud du village de Mouilloux, point de départ.
La mine possédait plusieurs galeries :
- au sud-ouest, une galerie située au niveau inférieur appelé galerie César, ayant des ouvertures dans le prè Bourret, formant le numéro 183 de la matrice cadastrale, section E, avec soixante mètres de chemin de fer intérieur.
- une autre galerie au-dessus de la précédente, dite Chenat, ayan son ouverture dans le passage qui forme le numéro 192 de la section E
- deux galeries dites Saint-Joseph et Saint-Michel, comprises dans le passage ci-dessus.
- au nord et au niveau inférieur une galerie dite Sainte-Zoé, ayant dans toute sa longueur un chemin de fer qui sert au roulage ; cette galerie a son entrée dans le communal de Joursac qui forme le numéro 185 de la même section E.
- l’emplacement à côté de cette galerie, qui sert pour déposer les déblais, est muni d’un chemin de fer avec embranchement. Cet emplacement a une centenance d’environ seize ares quarante centiares, et fait partie des numéros 121 et 122 de la matrice cadastrale, section E.
- une autre galerie dite Victoria, ayant son entrée dans le communal de Joursac numéro 185 de la sectionnE
- 13 ares de prè appelé les Riveaux, situés commune de Singles, à prendre dans une plus grande étendue près de la galerie dite Sainte-Zoé, dépendant des mines de Joursac.
Autres photos des vestiges de la mine :
La Guinguette :
Le village de La Guinguette est une création assez récente, puisqu’il n’apparait dans les registres paroissiaux qu’au milieu du XVIIIème siècle.
Comme son nom l’indique, il a grossi autour d’une auberge, au fur et à mesure du développement de l’exploitation minière. Situé au pied des puits et moins excentré que le chef-lieu communal, il est demeuré jusqu’à l’après-guerre un petit centre actif, où l’on dénombrait plusieurs épiceries, des restaurants et quelques échoppes d’artisans.
Les Mines de la Guinguette :
A La Guinguette, à Plagnes et dans les vallons environnants, l’extraction de la houille est signalée dès le XVIIème siècle. Elle était alors le fait de paysans qui exploitaient durant l’hiver les gisements situés sur leur propriété, sans titre ni concession, et vendaient le charbon aux forgerons et maréchaux des environs ainsi qu’aux fours à chaux de Savennes.
Longtemps, l’activité allait conserver ce caractère artisanal et local, à cause des difficultés d’accès aux mines, souvent situées au fond de vallons impénétrables, et des coûts de transport qu’aurait générés une exploitation à plus grande échelle. Pour ces raisons, tous les entrepreneurs qui tentèrent, sous l’Ancien Régime, d’en obtenir la concession durent finalement y renoncer.
L’extraction allait s’intensifier au cours du XIXème siècle. Trois principaux puits, deux à La Guinguette et un à Plagnes, furent alors exploités par différentes sociétés, sans échapper aux redoutables coups de grisou qui endeuillaient alors régulièrement la France des mines ; l’un d’eux fit huit morts à La Guinguette.
Vers 1945, les « Houillères de la Montagne » employaient encore une cinquantaine de mineurs ; elles allaient pourtant fermer leurs portes peu après en 1951.
Monuments aux morts :
Juste avant la sortie de la Guinguette en allant en direction du bourg de Singles, un monument est érigé à la mémoire de Jean-Léger Fouris, premier magistrat de la commune de Singles, mort en déportation, en juin 1944, au camp de Buchenwald (Allemagne).
Le monument aux morts de la commune se situent qu’en à lui au croisement des Départementales 29 et 73.
Fontaine :
Enfin, notons également la présence d’une fontaine juste en face de l’ancien restaurant.
Crime de Guerre à Singles – 13 octobre 1943 :
Comme abordé dès le début de cet article, Singles a été le théâtre le 13 octobre 1943, d’une opération de police dirigée par le SD de Vichy visant à neutraliser les maquis implantés dans la région. Cette opération, menée sur dénonciation, conduisait à l’exécution d’Ernest Guillaume à Perret ainsi qu’à l’arrestation de Jean Ranvier à Serre et du maire de Singles, Léger Fouris à la Guinguette.
Grâce au site « Les Fusillés 1940 – 1944« , qui reprend notamment des éléments issus des archives départementales du Puy-de-Dôme, voici des détails complémentaires sur ces évènements tragiques :
« Né le 25 mai 1904 à Tauves (Puy-de-Dôme), Ernest Guillaume a été massacré par la SIPO-SD le 13 octobre 1943 à Singles (Puy-de-Dôme). Fils de Michel, cultivateur, et de Anne, née Guillaume, Ernest Guillaume était lui-même cultivateur chez ses parents. Fin septembre 1943, le groupe Pierre, un maquis dissident de l’Armée Secrète de Haute-Corrèze s’était installé sur la commune de Singles. Le groupe était composé d’une quarantaine d’hommes qui n’hésitèrent pas à organiser un défilé suivi d’un dépôt de gerbe devant le Monument aux Morts, sous les applaudissements des témoins. Pour avoir aider la population au ramassage des pommes, ils reçurent du vin de la part du maire, Léger Fouris. Le groupe est alors averti qu’il a été repéré le 12 octobre et quitte les lieux au cours de la nuit.
Le 13 octobre 1943, vers 6 heures du matin, la maison de la famille Guillaume fut encerclée par les soldats allemands dirigées par des membres du SD français, en particulier Batissier alias Schmidt. Les troupes allemandes étaient composées d’un Bataillon d’instruction de Riom et d’éléments de la Luftwaffe d’Aulnat auxquels était joint un kommando du SD de Vichy. Ils s’étaient auparavant rendu à la ferme précédemment occupée par le groupe « Pierre ». Le père de famille répondit que le maquis était parti depuis plusieurs jours. Son fils, Ernest, qui couchait dans une maisonnette à une dizaine de mètres de la maison, prit peur et s’enfuit à travers champ. Il fut immédiatement abattu par un soldat. Toute la population fut alors réunie sur la place du village, durant l’opération. Le SD procéda ce jour là à l’arrestation puis la déportation du maire de Singles, Léger Fouris et blessa gravement une autre personne, Jean Dubois, qui essayait aussi de s’enfuir. On trouva des cartouches vieilles de plus de 15 ans chez le maire qui fut arrêté. il mourut en déportation. 3 autres personnes furent déportées à l’issue des arrestations réalisées lors de cette opération : Pierre Boutin, Charles Dalan, Joseph Mecmayer et un dénommé Franck. Son nom figure sur la plaque commémorative des Morts de la commune de Singles et sur une plaque commémorative à son nom. »
Péressanges et Serre :
D’après le livre de « Tauves, son canton, ses confins, son histoire » de L.Faure (publié en 1964), « Péressanges est le fief de Claude Dauphin, seigneur du Breuil, trésorier général des finances à Riom (1681). Il épouse Françoise de Ribeyre (15 juin 1681), mais meurt sans postérité le 26 janvier 1730. Estienne Batut, escuyer, se dit en 1495 seigneur de Serre et de Vaisses. Noble Etienne Batut de Mauriac, seigneur de Serre et de Montfort, comparaît au ban de 1503 en Haute-Auvergne. Au début du XVIème siècle, ce fief échoit à une famille d’ancienne noblesse de chevalerie, connue depuis 1326, les De Murat de Rochemaure. Gabrielle de Batut épouse en effet, en 1527, Jean de Murat qui acquiert la dîme de Serre de Gilbert de Luyry (1544). Les armes de cette maison noble sont : d’argent, à la bande de gueules, accompagnée de six merlettes de sable en orle.
Leur fils, Joachim, seigneur de Serre, s’unit en 1572 à Jeanne de La Salle. Il laisse Gabriel, marié en 1609 à Jeanne de Gouzelles, dont : Claude, chevalier, seigneur de Serre et de Paillonnet, qui épouse en 1657 Anne Burin (fille de Jean, seigneur du Claux, Naudif, La Garde…). De leur union, naissent au château de Serre : Gilbert, baptisé le 4 avril 1660, ses deux frères jumeaux Jean et Jean-Jacques, baptisés le 4 octobre 1666. Leur sœur, Alice, épouse en 1711 messire de la Forest-Bulhon de Savennes.
La terre échoit à l’aîné Gilbert. De son mariage, le 13 mai 1711, avec Françoise du Poirin de Monestier-les-Bort, naissent à Serre quatre garçons et trois filles. Le 17 décembre 1726, Gilbert meurt à Serre. Vers 1740, sa veuve se retire au château du Monestier. Abandonné, celui de Serre tombe en ruines ; les matériaux sont utilisés pour de nouvelles constructions, aussi ne reste-t-il aucune trace du château, ni de la chapelle seigneuriale où l’on célébrait au XVIIème siècle des messes fondées.
Jean-Jacques de Murat succède à son père et s’unit, le 15 avril 1748, à Marie-Madelaine de La Mothe de Flomont. Ils ont François-Henri-Marie-Jean-Côme-Damien, né le 27 septembre 1755. A sa sortie de l’école des pages de la Grande Ecurie (1779), il est sous-lieutenant à la suite de la légion de Flandre.
Bien qu’ayant quitté Serre, la veuve de Jean-Jacques n’oublie pas ses sujets, en proie à une grande misère, en 1770, après trois années de mauvaise récolte. Elle appuie une requête adressée à l’intendant par les habitants de Singles afin d’être déchargés de leurs impositions. »
La Dordogne et Le Pont d’Arpiat :
Avant construction de la voie ferrée, Arpiat était complètement désert. Mais l’apparition de la ligne ferroviaire Eygurande – Bort-les-Orgues et d’une gare pour desservir Singles, ont imposé la construction d’une route et d’un pont métallique au-dessus de La Dordogne.
Par la même occasion, cette route fut prolongée jusqu’à Confolent-Port-Dieu selon le document « Sentier Ferroviaire des Gorges du Chavanon« .
Le lac du barrage de Bort-les-Orgues devant noyer l’endroit, ce premier pont a été partiellement détruit. Il n’en reste qu’une culée qui émerge des eaux du lac lorsque ce dernier est bas. A noter que cette culée en pierre de taille a subi une rehausse en béton pour l’aménagement d’un ponton qui n’a pas abouti.
Dans le même temps, la gare de Singles disparaît sous les eaux. Ses vestiges jugés trop dangereux seront ensuite rasés au gré des variations de niveau du lac. Par ailleurs, un nouveau pont en béton, dit pont d’Arpiat, est construit en amont pour maintenir la liaison routière entre Singles et Confolent entre 1950 et 1952.
Trente ans plus tard, en mai 1980, il a fallu le détruire car ce dernier présentait des vices de construction.
Enfin, en décembre 1981 un arrêté est pris pour autoriser la construction d’un ouvrage de franchissement sur la Dordogne. Il sera constitué par un remblai en matériaux rocheux au niveau de l’ancienne gare disparue.
Il faudra donc attendre 1982 pour que la liaison soit rétablie entre la Corrèze et le Puy de Dôme.
Le site de l’Arpiat est aujourd’hui un lieu de pêche très estimé. La mise à l’eau des bateaux est possible afin de permettre la navigation dans la retenue du barrage de Bort-les-Orgues, longue de 21 kilomètres.
Photo de la Dordogne lors de la vidange du Barrage de Bort-les-Orgues :
La Burande :
Les mines de plomb argentifère ainsi que des mines de charbon furent exploitées à Singles.
Il existe un vaste champ aurifère autour de la concession de Pont-Vieux (Tauves) sur la Burande. Elle est considérée comme la plus vieille de France (1847) étant accordée pour l’or.
Chaque été, l’Office de Tourisme organise des initiations à la recherche d’or dans la Burande au niveau du Camping du Moulin de Serre.
Avant d’arrivée à la confluence de La Burande et de La Dordogne, un piton rocheux qui est situé sur la commune voisine de Larodde, surplombe la vallée de la Burande. Appelé « la Roche Mandrin », elle doit son appellation au bandit qui au XVIIIème siècle y avait établi un repaire pour sa contrebande.
Photo de la Burande lors de la vidange du Barrage de Bort-les-Orgues :
Autres Photos réalisées depuis Singles :
Idée Rando :
- Les Mines de la Guinguette : 4.5kms environ 1h30
- Le Chemin des Hêtres : 8kms environ 2h30
Pour en Savoir Plus / Sources :
- Mairie de Singles
- Singles sur Wikipédia
- Office du Tourisme Auvergne Volcan Sancy
- le livre « Tauves, son canton, ses confins, son histoire »
- le livre « Singles et les paroisses avoisinante »
- Les Fusillés 1940 – 1944
- Sentier Ferroviaire des Gorges du Chavanon
- Pont d’Arpiat – commune de Confolent-Port-Dieu (19)
- Site de pêche – Auvergne Destination
Bravo..voici une présentation de Singles très détaillée et très documentée
Bonjour,
Merci pour votre commentaire 🙂
Bravo et merci pour ce bel aperçu de la commune de Singles ou j’ai grandi.
Une manière de revisiter et découvrir aussi de nouveaux coins sur ces terres de mon enfance.
Bonjour,
Merci pour votre commentaire 🙂
Bravo, je vais y passer en juin 2024 suite à vos commentaires.
J’avais prévu de tourner à La Guinguette direction Messeix en venant de Tauves.
Cela dans un road trip moto de 8 jours avec un groupe d’amis.
Nous venons de Grenoble, je suis originaire du Mont Dore et fais découvrir la région à des amis. Nous serons basé à Besse et ferons des marguerites autour du Sancy.
Merci encore pour votre article et vos photos.
Amicalement Johanny
Bonjour,
Merci bcp pour votre message.
Bon road trip dans ce cas.
PS : A noter que le Tour de France passera par ce lieux le 10 juillet 2024 🙂